Dossier : Écoles des réseaux pour la transition énergétique

Catherine BOBO, Directrice du programme « Écoles des réseaux pour la transition énergétique » au sein du Groupe Enedis, répond aux questions du SYCABEL.

Pouvez-vous nous rappeler la genèse du projet des Écoles des réseaux pour la transition énergétique ?

L’idée d’un projet a germé il y a trois ans sous l’impulsion de Marianne Laigneau, Présidente du Directoire d’Enedis, afin de répondre aux enjeux de la transition énergétique. La principale préoccupation de la filière professionnelle des réseaux électriques était en effet la mise en place des ressources nécessaires pour moderniser et agrandir le réseau français, en anticipant et accompagnant les besoins croissants en matière de compétences et de recrutement.

Un autre enjeu de la transition énergétique a été déterminant. Il s’agit du basculement intervenu après 2020, une prise de conscience aigüe, entre la période post-COVID et la crise énergétique, du déploiement conséquent de nouvelles activités.

Ainsi, le raccordement des énergies renouvelables, la mobilité électrique, la décarbonation des usages notamment industriels ont eu des répercussions sur le dimensionnement des réseaux et, notamment, des postes sources. Pour Enedis et Rte, l’investissement correspondant s’élève à environ 100 Md€ chacun d’ici 2040 et impacte l’ensemble des partenaires industriels de la filière. Pour relever ce défi, nous avions besoin de structurer un projet à l’échelle de la filière et au bénéfice de celle-ci.

C’est avec mon recrutement, le 1er novembre 2022, que les Écoles des réseaux pour la transition énergétique sont passées de l’idée au projet.

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Pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet ?

Je tiens tout d’abord à préciser que ce programme des Écoles des réseaux a pour objectif de couvrir l’ensemble du territoire métropolitain continental, au plus près des besoins et des bassins d’emploi. Il traduit la feuille de route pour l’attractivité et la féminisation, la formation et le recrutement dans la filière des réseaux électriques, depuis le stage de découverte de troisième jusqu’à l’alternance et l’embauche, sans omettre la reconversion et la réinsertion.

Le besoin de recrutement de la filière est estimé à plus de 8 300 emplois par an. La féminisation des viviers de recrutement n’est pas une coquetterie mais un enjeu vital pour relever le défi des embauches. Une des premières actions du programme a consisté à lancer un grand partenariat avec l’enseignement professionnel.  Pourquoi ? Pour deux raisons. D’une part, 70% de nos recrutements sont concentrés sur le Bac et les BTS de l’enseignement professionnel. D’autre part, avec 2 100 lycées professionnels en France, l’enseignement professionnel assure une couverture territoriale inégalée, en phase avec nos besoins sur le terrain.

 

En quoi consiste ce partenariat avec l’enseignement professionnel ? Quels métiers sont concernés ?

Depuis la rentrée scolaire, ce dispositif s’appuie sur un partenariat local avec 50 lycées ayant une classe de Bac Pro Métiers de l'électricité et de ses environnements connectés. Il s’agit pour le programme des « Ecoles des réseaux de la transition énergétique » d’orienter 30% des contenus vers les « réseaux électriques » dans cette formation diplômante nationale, intégrant 18 semaines de stage réalisées dans les entreprises de la filière. Les professeurs de l’Education nationale se sont formés ou sont en cours de formation sur les gestes métiers dans les entreprises de la filière.

Pour quels résultats ?

  • Des jeunes davantage formés aux métiers d’avenir de la filière réseaux.
  • Une augmentation du vivier de recrutement en favorisant la réussite des lycéens et une fidélisation des jeunes diplômés.
  • Un dispositif global qui favorise l’attractivité de la filière : accompagnement complet de l’élève avec un projet professionnel concret et une embauche à la clé.

Cette coloration favorise ainsi la concrétisation des apprentissages par les stages et contribue à la future insertion professionnelle des jeunes.

Je tiens à souligner l’incroyable accueil qui nous a été réservé partout en France dans les lycées professionnels et les rectorats. Grâce à la dynamique enclenchée sur le bac pro, nous travaillons actuellement à la coloration des BTS électrotechnique, ATI, maintenance des systèmes, management de l’économie de la construction dans des groupes de travail avec les entreprises volontaires. L’objectif ? Construire 30 partenariats avec des BTS pour la rentrée scolaire 2024.

 

Quel est le rôle des mentors dans le programme des Écoles des Réseaux ?

A l’instar du dispositif gouvernemental « Un jeune, un mentor » qui promeut l'égalité des chances grâce à l'accompagnement individuel des jeunes, nous avons opté pour le recours aux mentors de la seconde au BTS. Leur rôle est primordial car il réduit le taux de décrochage à zéro, il augmente la réussite au diplôme et ainsi le vivier de recrutement essentiel pour les entreprises. Nous prévoyons de collaborer avec des associations spécialisées qui nous aideront à déployer le mentorat avec l’ensemble des élèves et étudiants volontaires pour l’année prochaine.

 

 

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De grands évènements ont marqué le lancement des Écoles des Réseaux depuis le printemps dernier, pouvez-vous les retracer ?

 Quatre évènements majeurs se sont déroulés depuis le printemps.

L’acte fondateur du partenariat d’Enedis avec les acteurs de la filière industrielle des réseaux électriques a été la signature d’une Convention, le 20 mars 2023, portant sur la création d'un programme de formation inédit « Les Écoles des réseaux pour la transition énergétique ».

Le 1er groupe de travail visant à construire les contenus du Bac Pro Melec s’est réuni le 20 avril 2023. À ce stade, les entreprises n’étaient pas complétement mobilisées.

Le 6 juillet 2023, l’opération de lancement du projet des Écoles des Réseaux avec les syndicats professionnels et leurs membres a remporté l’adhésion des industriels et a permis de créer les liens indispensables à l’ouverture de classes dédiées aux métiers des réseaux électriques dès la rentrée de 2023.

Le 8 septembre 2023, le point d’orgue de l’année a été l’inauguration officielle d’une des premières classes de Bac Pro Melec dans un lycée professionnel de Dijon par Carole Grandjean, Ministre Déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle, en présence de Marianne Laigneau, Présidente du Directoire d’Enedis. Le choix du gouvernement de marquer la rentrée scolaire par ce déplacement de la Ministre a donné une résonnance nationale à la création des Ecoles des Réseaux et a concouru à leur crédibilisation.

 

Quelles étaient vos ambitions et quels sont les premiers résultats obtenus ?

Quelles sont les prochaines étapes ?

Notre objectif était en mars 2023 d’apporter une coloration axée sur les réseaux électriques à 10 classes de Bac Pro Melec représentant environ 250 élèves pour la rentrée de septembre 2023. Six mois plus tard, nous avions l’immense satisfaction d’annoncer que nous avions touché 50 lycées totalisant quelque 2 000 jeunes. Le déploiement du Bac Pro Melec se poursuit à travers l’hexagone pour atteindre l’an prochain un doublement de l’effectif.

La prochaine étape vise le BTS et la licence professionnelle avec le même dispositif et une offre de formation adaptée à nos métiers et à nos défis. L’objectif est de mobiliser 30 classes de BTS. Leur coloration concerne plusieurs filières : les BTS « électrotechnique », « assistance technique d’ingénieur », « maintenance des systèmes », « management de l’économie de la construction ». Nous espérons ainsi apporter notre soutien aux métiers qui sont le plus en tension.

La poursuite de la construction de notre programme d’actions passe également par le renforcement des actions de féminisation des viviers et par la structuration d’un véritable programme de reconversion pour rejoindre nos métiers en cours de vie professionnelle. Nous travaillons également sur les enjeux de la réinsertion.

 Quel est le bilan de Forindustrie ?

 Au titre des actions d’attractivité, nous avons proposé aux entreprises de la filière de participer à Forindustrie. Porté par le CMQ[1] Industrie du futur Méditerranée, Forindustrie s’est tenu du 13 novembre au 1er décembre pendant les semaines de l’industrie et a remporté un réel succès. C’est un évènement ludique, une aventure 100 % numérique à la découverte des métiers de l’industrie française qui en assure la promotion. Il vise deux cibles, d’une part, les élèves du collège à l’enseignement supérieur et, d’autre part, les demandeurs d’emploi ou personnes en reconversion. Les chiffres sont éloquents : 52 041 participants qui se composent de 46 921 élèves (2 582 classes) et 5 120 demandeurs d’emploi (574 groupes de Pôle Emploi). La prochaine édition est programmée en 2024. J’espère que de nombreuses entreprises du SYCABEL et des partenaires de la filière y participeront activement.

 

 Enfin, qu’attendez-vous des entreprises membres du SYCABEL tant au niveau national que régional ?

La mobilisation de l’ensemble des acteurs de la filière autour de ce projet a été fondatrice. La vision partagée avec le SYCABEL des enjeux de la transition énergétique et, notamment, en matière de formation aux métiers des réseaux électriques, a d’ores et déjà conduit certains des adhérents à s’engager activement dans la démarche, tant au niveau national que régional.

Le SYCABEL a porté le projet auprès des sièges nationaux des industriels afin qu’ils participent aux groupes de travail qui définissent la coloration des Bac et BTS. Une implication plus grande est attendue de leur part pour que leurs besoins soient pris en compte.

Enedis pilotant les relations avec les lycées dans les territoires, il est vivement souhaité que les liens naissants autour des écoles des réseaux de la transition énergétique s’intensifient avec les implantations régionales des membres du SYCABEL, pour couvrir l’ensemble des besoins des industriels sur le territoire. Avec le passage en phase opérationnelle de notre programme, nous attendons des industriels qu’ils ouvrent les portes de leurs usines, qu’ils fassent découvrir leurs métiers et soient les partenaires locaux des lycées pour accueillir et accompagner des stagiaires au niveau du Bac et du BTS. Le but recherché est d’attirer ces jeunes, de mieux les former, de les fidéliser, de sécuriser leurs parcours et de les conduire à la réussite dans les métiers de la filière indispensable à la transition énergétique !

 


[1] Campus des Métiers et des Qualifications